Italie : le juriste Giuseppe Conte désigné chef du gouvernement
Au terme de deux journées de consultations, le président italien, Sergio Mattarella, a approuvé la nomination du juriste Giuseppe Conte, mercredi 23 mai, comme nouveau président du Conseil. Cinquième personnalité à exercer cette fonction en sept ans, il sera chargé de former et diriger le premier gouvernement populiste d’un pays fondateur du projet européen.
A peine sorti du Quirinal, Giuseppe Conte a prononcé une brève allocution, au cours de laquelle il a répété son souhait de « maintenir la place de l’Italie au sein de l’Europe », tout en promettant d’être « l’avocat de la défense du peuple italien ». Pour cela, Giuseppe Conte s’est engagé à appliquer le « contrat gouvernemental » formés par le parti populiste du Mouvement 5 Etoiles (M5S) avec celui d’extrême-droite de la Ligue, qui « représente toutes les attentes de changement des Italiens ».
Inconnu du grand puclic
Le nom de Giuseppe Conte, spécialiste du droit civil et administratif jusque-là inconnu du grand public, avait été proposé lundi au président de la République par Luigi Di Maio, le dirigeant du Mouvement 5 Etoiles (M5S), et Matteo Salvini, chef de la Ligue. Mais le président Mattarella avait décidé de prendre son temps avant de donner sa réponse, souhaitant consulter au préalable les présidents des deux chambres, ce qu’il a fait mardi.
L’homme qui devient ainsi le président du Conseil italien aura désormais la charge de former le gouvernement d’union jaune-vert, issu des élections législatives du 4 mars. Celui-ci, qui devrait rassembler des membres des deux partis de la coalition, se mettra ensuite au travail pour appliquer le programme élaboré en commun ces dernières semaines. Ce dernier prévoit notamment des allégements fiscaux de plusieurs milliards d’euros, une augmentation des dépenses publiques en faveur des plus défavorisés et l’abandon d’une impopulaire réforme des retraites, autant de mesures qui inquiètent Bruxelles et les marchés.
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Des mesures qui inquiètent Bruxelles
La Commission européenne a déclaré mercredi que la stabilité financière de l’Italie, troisième économie de la zone euro, risquait d’être menacée par une éventuelle remontée des taux d’intérêt et par une remise en cause de certaines réformes, notamment celle des retraites. Au vu de son importance systémique, les risques propres à l’Italie pourraient se répercuter à l’ensemble de la zone euro, a ajouté l’exécutif européen.
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La tâche appartient désormais à Giuseppe Conte, le cinquième premier ministre en sept ans, de rassurer les partenaires économiques et internationaux du pays, et d’incarner le nouveau visage de son échiquier politique. Nul doute que ses débuts seront scrutés de près alors que le juriste est déjà accusé d’avoir embelli son curriculum vitae à propos de son cursus universitaire. Des allégations qui sont venues alimenter les doutes quant au choix de ce technocrate sans expérience de la politique.
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